Une BD qui dédramatise et donne des solutions pour briser le cercle vicieux du harcèlement !
» Lire l'articleOn joue aux Kapla, maman ?
On joue aux Kapla, maman ?
Banlieue parisienne. 17h30. Je viens de braver les transports bondés après une journée bien chargée. Direction le centre de loisirs. La culpabilité en bandoulière, je récupère ma fille de “presque 4 ans” et nous rentrons à la maison main dans la main, en sautillant, heureuses de nous retrouver. À peine avons-nous passé la porte de l’appartement qu’elle se tourne vers moi, un large sourire aux lèvres et pose la question fatidique et tant redoutée : « Maman, on joue aux Kapla ? » Je n’ai absolument aucune envie de jouer, juste de m’affaler dans le canapé et d’écouter du jazz… Me voici partie dans mes pensées… Mila-Djinpa l’a très bien compris. « Maman, ohé ! mamannnnn, tu me réponds ? T’es bloquée maman ! Maman, tu m’écoutes ? » Je me sens tellement fatiguée, la journée a été longue et puis j’ai encore du travail à finir, deux machines à faire tourner, je ne sais même pas ce qu’on va manger, le frigo doit être vide…
“Je me sens tellement fatiguée, la journée a été longue…”
Un bruit assourdissant me sort de mes divagations. Mila-Djinpa vient de renverser toute la boîte de Kapla sur le sol du salon. On dirait que je n’ai plus le choix… je me raisonne. Je suis tellement heureuse de ces moments passés avec elle. C’est aussi pour ça que je fais tous ces efforts, que je me dépêche de rentrer le soir malgré 40 millions de choses à faire, faisant de mon mieux pour concilier ma vie de maman et de femme entrepreneure. Alors je m’assois à côté d’elle et je la regarde. Elle semble si heureuse de me sentir présente à ses côtés. Je me fais la réflexion, non sans une pointe d’ironie à mon égard, que j’ai tout de même passé ma journée à proposer à des enfants et à des parents des exercices d’attention et de pleine présence. C’est mon métier ! C’est tout de même un comble ! Ah ! les cordonniers comme on dit…
“Elle semble si heureuse de me sentir présente à ses côtés.”
Je me ressaisis : ici et maintenant, il n’y a que cela qui compte : jouer avec ma fille. Si des pensées parasites m’égarent de ce moment de jeu, je m’efforce de les repérer et je reviens à l’instant présent. Nos quatre mains qui construisent les piles de bois, l’aspect lisse des Kapla, mon corps qui frôle le sien, l’odeur de ses cheveux. Elle me sourit et peu à peu je sens ma fatigue se transformer. Je me prends littéralement au jeu. Nous construisons notre monde de bois fait de tours et de ponts sans avoir un objectif de réalisation particulier. Mila-Djinpa et moi laissons notre imagination faire, inventer, et dans la présence nous bâtissons notre relation à toutes les deux, reliées dans l’expérience du moment présent. Tout à coup, elle pose un dernier élément puis m’annonce : « C’est bon, maman, c’est fini, j’ai plus envie de jouer ! » Pourtant, moi, j’aurais bien continué. Je me suis rendue disponible pour elle. Je suis allée dans le “ce dont je n’avais pas envie” et un monde s’est ouvert. Je crois bien que ce soir j’ai appris à méditer avec des Kapla !