la petite fabrique n°16
Un été sauvage
Quelque part, en ce moment même, un enfant s’adresse à une coccinelle, l’invitant à une petite promenade sur le dos de sa main. Ses gestes sont lents, il l’observe attentivement, lui parle, compte ses points, jusqu’à ce que son invitée prenne son envol, moment où il la salue joyeusement, lui souhaitant bonne journée.
La conversation entre les jeunes enfants et le vivant n’a jamais cessé…
L’été est ce moment par excellence où la nature reprend ses droits sur les enfants. Le moment où ils se fondent volontiers dans le paysage hors de notre vue, revenant à la fin d’une journée tout entière passée dehors, le regard brillant et comme ensauvagé.
Leur capacité naturelle à faire alliance avec la nature demeure intacte.
Nos sociétés modernes ont quant à elles, en quelques décennies, rompu toute forme de dialogue avec la nature, elles ne posent aucune question, n’attendent aucune réponse, sombrant dans un funeste monologue aux effets dévastateurs. Nous ne pouvons ignorer plus longtemps à quel point notre espèce est radicalement dépendante de la santé de toutes les autres, végétales, minérales, animales… Pour trouver des solutions justes, nous devons réapprendre à tendre l’oreille aux autres êtres et en cela, le dialogue avec les peuples racines s’avère extrêmement fécond. Il ne s’agit pas de singer qui que ce soit ni de revenir en arrière, mais bien de trouver des pistes pour remettre le vivant dans nos cœurs, nos actes et nos pensées et imaginer une société plus respectueuse de la nature et des humains*.
C’est tout le sens de la proposition de ce numéro, à l’écoute du monde sauvage. Se relier à la vie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, célébrer les moissons, se retrouver autour d’un feu de camp, rencontrer L’homme chevreuil ainsi que la petite Naïs et son papa sur la piste des loups…
Agathe et Nadège
* expression inspirée par Éric Julien et le programme
“Réenchanter le vivant” de l’ONG Tchendukua qu’il a fondée.